Qui a peur du grand méchant Mysore ?
Le Mysore, c’est réservé aux pros. Aux plus forts. Aux plus souples. Aux vrais yogis. A ceux qui savent mieux que moi. A ceux qui font mieux que moi. Je suis pas capable. Je suis pas prêt.e. Je vais être perdu.e. Ça va se voir ! Ça va déranger. Ça va être la honte.
Et puis c’est même pas un vrai cours. En plus c’est souvent le matin. Je suis pas souple le matin. J’arriverais jamais à me lever.
Bref, le Mysore, c’est pas pour moi.
Que celui ou celle qui n’a jamais trouvé mille – très bonnes – raisons de ne pas venir au Mysore me jette la première pierre.
C’est tellement normal d’être impressionné.e par cette pratique aussi impressionnante… de simplicité ! C’est quand même incroyable qu’un dispositif aussi élémentaire à première vue soit aussi puissant en secret.
Alors voilà, on voudrait que tout le monde le sache, on ne veut pas garder ça pour nous : le Mysore, c’est la voie royale, pour TOUTES et pour TOUS, débutants ou vieux de la vieille, vers la face cachée, l’essence, la puissance de la pratique.
Si la philosophie du yoga décrit le monde manifesté dans ses degrés du plus grossier au plus subtil, avec le Mysore on penche clairement du côté du subtil, même si c’est au travers de notre corps le plus grossier qu’on s’attelle à la tâche.
La première clé de ce raffinement, c’est le silence qui nous est offert. Le silence qui permet l’écoute du souffle, l’attention à soi, la plongée dans nos méandres intimes.
La deuxième, c’est la clarté de la série que je pratique : un chemin que j’apprends à connaître, que je parcours en sécurité, qui évolue avec moi, chaque jour un peu le même, chaque jour tout à fait nouveau. Un chemin vers l’autonomie. Autour de moi, les autres aussi cheminent, chacun.e à son rythme. Une pratique cousue main, pour chacune et chacun.
Ensuite il y a la constance : chaque jour sur le tapis remettons notre ouvrage. Si ce n’est pas chaque jour, c’est chaque semaine, ou chaque fois que je peux. C’est la promesse des surprises de la répétition – oui oui, promis !
Si je suis puriste, je profiterai aussi de cette autre clé de la subtilité : la pratique au petit matin, pour vivre avec toutes mes cellules le passage de la nuit au jour et l’éveil du monde.
Et puis aussi, bien sûr, il y a ce lien si spécial, si doux, si fort, entre tous ceux et toutes celles qui pratiquent ensemble, et je vous assure que ça fabrique quelque chose d’incroyable. Comme dirait Bonnie Bainbridge Cohen, la grande prêtresse du Body Mind Centering, « It changes the mind of the room » : l’esprit de la pièce est transformé. Si j’étais mystique, je dirais que le Mysore crée un espace sacré (mais je ne le dirais pas trop fort si ça vous effraie).
Last but not least : la relation magique entre les élèves et l’enseignant. Je suis bien placée pour le savoir : je suis élève et enseignante. Des deux côtés je vis la magie. Je m’émerveille
de ce que je découvre de moi et de ce que je j’apprends de l’autre, dans ce jeu subtil entre autonomie et accompagnement. Le Mysore, c’est la dentelle du lien pédagogique.
Et laissez- moi vous dire un autre secret : c’est probablement au Mysore que je sens aussi fort, et aussi souvent, de l’amour et de la gratitude pour chaque être présent et de l’admiration pour chaque chemin, bijou si singulier que je vois se déployer sur le tapis.
Il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour se lancer.
Allez quoi, osez ! On sera là pour vous accompagner.
A très vite
Juliette pour l’équipe Yama